dimanche 13 février 2011

La peur.

Ça c'est passé il y a longtemps. Genre en 2003.
Je travaillais dans un club vidéo pis j'étais assez important pour pouvoir m'occuper de l'horaire de travail des employés du magasin. Ou c'était peut-être juste mon gérant qui était trop poche pour le faire. Tout ça pour dire que je travaillais quand je voulais pis avec qui je voulais. Pis personne pouvait chialer parce que j'étais le seul à vouloir m'occuper de ce casse-tête impossible.
Tout ça aussi pour dire qu'il y avait cette magnifique blonde aux yeux fucking bleu comme t'en vois pas souvent. Un regard avec de la drive. J'en étais dérouté. Et donc, "par hasard", on travaillait souvent en même temps. Mais elle m'intimidais tellement. Tellement belle pis souriante pis intéressante pis toute. Pis toute.
Pis après que tous les employés m'ont dit de faire un move, que c'était fucking ridicule comment on se regardait, pis que des clients aussi me disent ça, bah j'ai passé proche d'en faire un.
Pis là un moment donné un dude client m'a demandé si elle avait quelqu'un, pendant qu'elle était à l'autre bout du magasin en plein rush.. Tsé le genre de gars qui avait l'air trop parfait, un beau gars plein de confiance pis plein de charme. Je lui ai répondu que c'était ma blonde man. "Ouin c'est ma blonde man" que j'ai dit, sans trop hésiter, avec un regard fier pis un peu arrogant. Pis après je l'ai regardé elle pis elle me regardait et c'était doux. Le dude client m'a serré la main pis y m'a dit que j'étais chanceux. Je chiais fucking à terre.

Là j'avais pu le choix. Je devais faire un move. L'urgence de vivre, le stress qui monte à chaque minute. Elle finit dans 1 heure man. Arrête de faire le con pis demande lui donc d'aller prendre un verre. Fac je l'ai fait, je lui ai demandé si elle voulait aller prendre une bière plus tard, du bout des lèvres quand elle était dans la porte avec son manteau d'hiver pis ses mitaines. Pis elle a dit oui avec un grand grand sourire. Elle a dit oui, elle a enlevé son manteau pis ses mitaines pis elle est restée au magasin finalement en attendant que je finisse la soirée. On a parlé, on s'est sourit mais tellement gêné pis avec des joues rouges pis un moment donné minuit est arrivé pis on est allé boire une bière pis on s'est frenché pis fuck man, toute l'attente, tout tout le stress est tombé pis c'était magnifique. Pis après j'ai jamais été autant heureux de vivre chaque minute dans la vie. Sauf deux ou trois minutes parce que la vie est plate des fois mais ça c'était vraiment pas de sa faute à elle.

Pis quelques semaines après c'était la St-Valentin. Pis moi je trippe pas trop sur cette fête là. Mais là j'avais le goût de me mettre beau, de boire du bon vin pis d'acheter du chocolat fancy pis une rose. Je me trouvais ridicule mais je riais tellement fort que c'était pas grave.

No show. No call.

Après elle m'a dit qu'elle avait craqué. Elle avait peur parce que ça allait trop vite tout ça. Elle m'a dit qu'elle voulait pas d'une relation trop sérieuse, qu'elle était pas habituée d'être heureuse dans la vie en générale pis qu'elle n'était pas confortable. Qu'elle aimait mieux qu'on arrête de se voir pis qu'on travaille plus les même soirs. Pis moi j'étais sans voix. Je criais par en dedans.

Elle m'a évité pendant quelques mois au vidéo pis quand j'ai fait mon dernier horaire, en mai, parce que je partais pour l'été pis je voulais pu revenir après, bah je nous ai mis un shift ensemble, le même soir. Mon dernier shift. On était gêné au début mais on s'est parlé, comme avant. Avec les sourires et la complicité qui était si belle, celle que les clients me disaient que man, c'est donc bien le fun venir louer des films quand vous travaillez tous les deux. Bah on a réussi à faire la paix un peu j'imagine.

Des fois je vais voir ses photos sur facebook pis je me demande qui je serais devenu, à nager en plein bonheur de même. Jusqu'où je l'aurais suivi dans le monde pis dans ses rêves pis dans son coeur. Pis je me dis que c'est la première fois que je me suis fait briser le coeur par une fille. Je ferme Firefox, pis je souris un peu. Juste un peu.

2 commentaires:

  1. Je n'ai jamais compris comment les gens pouvaient avoir peur d'être heureux à ce point-là, au point de refuser de l'être. Vraiment, c'est le genre de truc qui me dépasse totalement!

    RépondreSupprimer